Obscidience
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Et dans un soupçon de vent et de délice ..la feuille morte s'échoua
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
ETB Pokémon Fable Nébuleuse : où ...
Voir le deal

 

 Victor Moreau [Passeur :: Etoile]

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Victor Moreau
- Ministre dindon -
Victor Moreau


Nombre de messages : 43
[R]ace : Passeur
[C]lan : Etoile
[Â]ge du perso : 28 ans (physiquement...)
Date d'inscription : 19/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Mer 19 Juil - 22:58

Quelle charmante plaisanterie... Un questionnaire, hein? Comme si on pouvait reconnaître quelqu'un digne de confiance à travers un simple questionnaire... Bah, si cela les amuse, pourquoi pas? Allez-y, testez donc les nouvelles étoiles par une fiche accessible à un enfant de primaire, l'organisation ne pourra s'en porter que mieux, n'est-ce pas?

Oh, je m'ennuie... voyons voir ce que cela donnerait avec moi...


Nom : Moreau

Prénom : Victor

Surnom : Vic, diminutif qui a le très appréciable avantage d'être aussi bien féminin que masculin

Âge et date de naissance : Officiellement, je suis né le 13 septembre 3638 et j'ai 28 ans. En réalité... ouhla... alors, si je compte correctement... je dois avoir environ 1890 ans: il me semble que je suis né en 1773, mais je peux me tromper.

Race : Humain... et Passeur, pour les plus intelligents

Clan : La fort renommée Etoile...
- Rôle : ... dont je suis le ministre vénéré.

Rang : Ministre désabusé...

Description physique : Ah ah, la question à ne jamais poser à un Passeur si vous désirez obtenir plus qu'un éclat de rire... stupide questionnaire... Allons, je veux bien faire preuve de patience et vous faire une petite description de mon corps actuel - si vous n'aimez pas lire, allez donc vous procurer le journal holographique du jour, il y a de fortes chances pour que j'y apparaisse.

J'ai toujours apprécié les belles apparences, qu'elles soient féminines ou masculines. Pour l'instant, j'ai pris mes quartiers dans un corps d'homme fort confortable, jeune, athlétique. Environ 1m80. Le poil brun, les iris noisette. J'ai un visage fin, organisé autour de mes yeux légèrement en amandes. Mes traits sont peu accusés (j'aime la délicatesse), que ce soit au niveau des pommettes, des arcades sourcilières ou de la mâchoire - toujours parfaitement glabre, j'y veille soigneusement. Je pense avoir le sourire plutôt facile (trop facile diront certains de mes collaborateurs), et je ne suis pas peu fier d'affirmer que j'excelle dans l'art d'arborer cette expression blasée typique de l'aristocratie de l'Ancien Temps - de toute manière je suis blasé.

Je ne suis pas de nature particulièrement coquette, mais j'apprécie les beaux habits - le velours, oh oui, j'ai un faible pour les vestes en velours. Le salaire plus qu'appréciable associé à mon poste me permet d'acquérir des vêtements "surannés", c'est-à-dire en tissu véritable et pas en mailles de synthèse. J'aime les chemises de lin et de soie, mais elles s'abîment vite, j'évite donc de les porter dans mes vagabondages les plus hasardeux. Pour ces occasions, un ensemble en tissu ordinaire suffit amplement - de toute façon mon long manteau sombre le dissimule en grande partie. Les couleurs que j'arbore dépendent énormément de mon humeur du moment, mais je revêts assez souvent du bleu marine et du blanc, il me semble.


Description morale : De mieux en mieux... voyons voir, comment me décrirais-je? Hum... J'y ai déjà fait vaguement allusion: mon principal trait de caractère est le profond cynisme dont je fais systématiquement preuve. Que voulez-vous, au bout de presque deux millénaires sur ce pauvre caillou céleste, on ne peut être que blasé ou fou à lier. Je ne tiens pas les humains en grande estime, même si cela fait très longtemps que j'ai dépassé ma période "je vous hais tous". Les membres de l'Inquisition, notamment, me font bien rire avec leur ahurissant manque de recul.

Néanmoins, je ne suis pas de ces magiciens qui aiment semer la pagaille chez les mortels pour leur simple plaisir. Je m'ennuie tant que ce ne sont pas ces petites incartades qui vont me distraire. Bien sûr, ma nonchalance et mon évidente supériorité déplaisent, et il n'est pas rare que l'un de ces manants se croie digne de me provoquer en duel. Jusqu'à présent, quel que soit mon corps, j'ai toujours accepté le défi, et jamais je n'ai perdu.

Si l'envie m'en prend, je peux parfaitement exorciser un élément de l'Etrange, et ce sans la moindre compensation. Mais en général je préfère laisser ces êtres découvrir la Terre, je trouve qu'ils y apportent un appréciable sang neuf. Pour élargir ce comportement à l'ensemble des situations auxquelles je suis confronté, je laisse souvent les choses suivrent leur cours, même si je n'hésite pas à intervenir si leur trajectoire ne me convient pas. Si cela occasionne quelques dégâts collatéraux, quelle importance? On est puissant ou on ne l'est pas. A quoi me servirait ma longévité et mon poste de ministre sinon à imposer ma volonté?...

Je sais que certains n'hésitent pas à me qualifier d'égoïste, de capricieux, de méprisant. Ils ont trop peur pour le faire à visage découvert, mais ils sont hélas assez nombreux, aussi bien du côté des humains que de celui des sorciers. Je mentirais en affirmant que des adjectifs aussi réducteurs ne me froissent pas. Cependant ces insultes restent toutes relatives, et sont faciles à démonter: ai-je l'air arrogant, moi?...

Oh, j'allais oublier: on me prête une réputation de coureur de jupons, ce que je me dois de tempérer. J'apprécie fortement les plaisirs associés à la chair (c'est l'une des rares choses dont je ne me sois pas totalement lassé en dix-neuf siècles), mais je ne les recherche pas. Est-ce de ma faute si je m'attire spontanément les faveurs de ces dames comme de ces messieurs? Vous conviendrez avec moi qu'il serait tout simplement incorrect de les décevoir, n'est-ce pas? A titre indicatif, en ce moment je suis davantage porté sur les femmes - il faut bien prendre quelques décisions, de temps à autres.



Autres et détails importants : J'ai eu quelques ennuis avec l'Inquisition il y a deux ou trois siècles. Depuis ils ont perdu ma trace, mais je préfère rester prudent, d'autant plus que la Camorra n'hésite pas à vendre des informations sur les Passeurs qui leur tournent le dos.

Reliques et objets précieux possédés :

- Un manuscrit relié à l'âge indéterminé, plus âgé que moi. Il renferme des incantations magiques allant de la création d'une simple boule de feu à la nécromancie, mais il faut savoir le déchiffrer...
- Un pendentif que je garde en permanence autour du cou. Le solide lacet de cuir qui le retient n'est pas d'origine, mais le bout de verre qui le constitue est un fragment de l'un des miroirs qui a servi à mon premier passage.

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Pendcopiets9
Revenir en haut Aller en bas
http://hollowdream.darkbb.com
Victor Moreau
- Ministre dindon -
Victor Moreau


Nombre de messages : 43
[R]ace : Passeur
[C]lan : Etoile
[Â]ge du perso : 28 ans (physiquement...)
Date d'inscription : 19/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Mer 19 Juil - 23:01

Biographie :

Dix-neuf siècles. Presque deux millénaires. Ce n'est pas une biographie qu'il me faudrait, mais une bonne trentaine. J'ai tant vécu, tant appris, j'ai rencontré des êtres brillants et d’autres méprisables, j’ai été père, mère, riche héritier, inspecteur de police, poète maudit, princesse, PDG d’une multinationale... et tout cela dans le désordre. Comment pourrais-je seulement résumer tant d'expériences? Sur quel critère me baserais-je pour choisir les vies, les corps les plus dignes de se couler dans la mémoire collective à travers ces écrits?

Mais qu'est-ce que je raconte?... Personne ne lira ces lignes, je pense même les détruire lorsque je les aurai relues. Personne ne me reprochera mon choix. Alors, qu'ai-je envie d'écrire?... Peut-être le début. Oui, cela me paraît une bonne solution. Ma première vie, la toute première. Au moins, je m'en souviens de celle-là...

*****

J'ai déjà précisé plus haut qu'il me semble avoir vu le jour dans le Royaume de France, certainement en 1773. Mon nom de famille s'est perdu dans les limbes de ma mémoire. Il était à peu près aussi banal que le Moreau actuel, sans particule, sans signe annonciateur de mon statut de petite bourgeoise. Car effectivement, mon premier corps, celui que la Nature m'avait attribué, était une enveloppe féminine. Je me nommais Victoria, et j'ai conservé ce prénom à chaque fois que je me coulais dans la peau d'une femme. Sinon, je m'appelle Victor.

Victoria. Victoire d'une mère autoritaire sur un père soumis et effacé, qui bien entendu aurait préféré un Victor... J'étais belle, vous savez. Oh, rien de transcendant, mais j'avais tout de même une charmante apparence, un caractère délié et confiant, un tantinet insolent peut-être. Prenant exemple sur ma mère, j'avais décidé que les hommes n'étaient sur Terre que pour mieux mettre en valeur mon incontestable supériorité. J'étais une brillante jeune fille, femme en devenir, qui comptait bien se faire sa place en ce monde injustement conjugué au masculin.

Ce fut sans doute cette ambition qui me poussa à m'intéresser à la sorcellerie. A l'époque, c'était risqué, mais cela ne me plaisait que davantage. Quel âge avais-je lorsque j'ai déniché mon premier véritable ouvrage de magie? Peut-être quinze ou seize ans. C'était un manuscrit qui prenait la poussière sur la plus haute étagère de l'antiquaire de ma ville, un certain Jonas. Il ne répondait pas du tout à l'image que l'on se fait d'un amoureux des vieilles choses: il avait à peine plus de vingt ans, et avait soi-disant hérité cette boutique de son oncle récemment décédé. Jonas m'avait surprise en train d'emprunter son livre sans sa permission, mais il n'avait pas réussi à m'attraper, et par la suite il n'avait pas osé accuser sans preuve matérielle la fille du banquier - ou du médecin, je ne me souviens plus.

Cette mésaventure m'avait bien fait rire, et je vous laisse deviner avec quelle avidité j'avais dévoré le précieux ouvrage. Mais voilà, j'avais oublié un petit détail: les gens de magie sont experts dans le maniement de la langue, et ils débordent d'imagination dès qu'il s'agit de crypter leur savoir. Pour être plus limpide et tout à fait honnête, je me contenterais donc de dire que je n'avais absolument rien compris à ce livre. Voilà qui était fâcheux.

Qu'auriez-vous fait, à ma place? Abandonner? Certainement pas! Ma curiosité n'en était que plus forte, rehaussée par cette difficulté inattendue. Je voulais faire de la magie, je sentais que cela m'était possible, qu'il me suffisait de comprendre le langage mystérieux dans lequel était rédigé le manuscrit... Après mûre réflexion, j'avais donc décidé de retourner voir Jonas.

Il ne m'avait pas fallu longtemps pour confirmer mes soupçons: ce jeune homme comprenait ce livre et savait parfaitement l'exploiter. Il avait le don, et je l'enviais beaucoup pour cela, d'autant plus qu'à mes yeux il manquait tristement d'ambition et de panache: doux, discret, serviable... A quoi lui servait son savoir sinon à vendre de vieilles babioles? A rien. Pathétique.

Je l'avais approché avec des airs de petite fille boudeuse, contrariée de ne pas en savoir autant que lui. Je lui avais proposé en grognant de lui rendre son livre, en échange de quelques tours qu'il m'apprendrait. Jonas s'était cru en position de force et avait accepté pratiquement sans méfiance: qu'avait-il à craindre d'une jouvencelle désireuse d'impressionner ses amies?

Il fut la première proie que j'emprisonnai dans mes filets. Petit à petit, le plus discrètement possible, je le charmai, je m'attirai son amusement, sa tendresse, sa considération, son amour. La gamine manipulatrice que j'étais alors s'amusait beaucoup de sentiments de plus en plus vifs qu'elle suscitait chez le jeune antiquaire, et elle prenait un malin plaisir à refuser ses baisers. Officiellement, je craignais de perdre ma virginité avant le mariage. En réalité, je frémissais d'indignation à l'idée d'appartenir à un homme. Je me contentais donc d'entretenir la flamme de Jonas, tout en lui soutirant patiemment ses connaissances dans le domaine de l'occulte.

Ce fut ainsi que j'appris qu'il était Passeur. Heureusement pour moi, il n'avait qu'une petite centaine d'années (il était dans son second corps) et était encore relativement naïf vis à vis du potentiel d'un tel pouvoir. Assez naïf pour m'en faire part. La perspective d'une vie éternelle me donna le tournis. L'immortalité. Un moyen de déjouer les pièges du plus retors des ennemis de l'humanité: le Temps. Défier le divin, traverser l'Histoire. Quelle sotte j'avais été de me cantonner aux invocations les plus simples, alors que Jonas détenait la clé d'un secret aussi grandiose!

Hélas, le Passeur était candide, mais pas stupide. Il refusa catégoriquement de me décrire le rituel de passage, arguant que je n'étais pas prête, qu'à mon âge il n'était pas encore temps de me préoccuper de la mort. J'eus toutes les peines du monde à contenir ma fureur: c'était moi le marionnettiste, le pantin n'avait pas à contester mes instructions! Pour qui se prenait-il en s'intercalant entre moi et l'immortalité? J'étais décidée à extirper ce secret à Jonas, même si cela devait me prendre des années.
Revenir en haut Aller en bas
http://hollowdream.darkbb.com
Victor Moreau
- Ministre dindon -
Victor Moreau


Nombre de messages : 43
[R]ace : Passeur
[C]lan : Etoile
[Â]ge du perso : 28 ans (physiquement...)
Date d'inscription : 19/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Mer 19 Juil - 23:01

Mais monsieur Destin s'était penché sur mon cas, et il décida alors de m'aider à sa manière. Ma mère mourut quelques mois après l'aveu de Jonas. J'en conçus une grande douleur, qui pour une fois n’était pas feinte: j'aimais et j'admirais cette femme stoïque et sûre d'elle, je n'aspirais qu'à lui ressembler un jour. Je lui avais même confié à mots couverts mon intérêt pour la magie, et elle avait approuvé mon ambition d'un fier hochement de tête. Oui, je l'aimais.

Et comme s'il n'attendait que le décès de son épouse, mon indigne père décida dans la semaine qui suivit l'enterrement qu'il fallait me marier le plus vite possible, que les noces de sa fille unique n'avaient que trop tardées. Rendez-vous compte, j'avais déjà dix-sept ans... inimaginable scandale, n'est-ce pas? Le fiancé apparut dans ma vie du jour au lendemain, s'appropriant ma personne avec un manque de considération pour lequel je le haïs immédiatement. Il avait le double de mon âge et un nom à particule. Ce sont les seuls détails que j'ai daigné conserver dans ma mémoire.

Après la soirée qui clôtura le mariage, je tentai de m'enfuir avant que cette immonde personne qui se prenait pour mon conjoint ne décide de faire valoir ses droits. Je ne fus pas assez rapide: il me vit et me rattrapa. La suite fut aussi effroyable que prévisible. Les derniers invités partis, il me traîna jusqu'à cette salle de torture appelée chambre conjugale et me prit de force. Presque deux milles ans plus tard, j'ai encore des frissons à l'évocation de l'atroce douleur qui a déchiré mon corps et mon âme, cette nuit-là. Les souvenirs me font parfois défaut, mais jamais je n'oublierai cette sensation d'abandon, de terrible solitude face à cette souffrance considérée comme normale par tous, par mon propre père. Que pouvais-je dire, que pouvais-je faire? Ce monstre était mon époux, il avait tous les droits sur moi. Point.

Paradoxalement, ce fut cette révulsante expérience qui m'ouvrit les portes de l'immortalité: au petit matin, je parvins enfin à m'échapper et à atteindre la boutique de Jonas. Je crois pouvoir affirmer que je faisais peur à voir, même si j'ai pris soin d'effacer de mon cortex l'apparence exacte de la créature vulnérable que j'ai croisée dans le miroir, ce matin-là. Bouleversé, le Passeur m'entraîna dans son arrière-boutique pour m'accorder les soins les plus élémentaires. Je me sentais sale, mais surtout humiliée, rabaissée. En pleurant (plus de rage que de tristesse), je confiai à Jonas que je haïssais cet homme auquel on m'avait lié, et qu'au-delà je me détestais moi-même pour cette faiblesse qui me faisait horreur: que ne lui avais-je crevé les yeux lorsqu'il s'était jeté sur moi, que ne l'avais-je mordu et griffé jusqu'à l'os.

Jonas s'était alors interrompu dans ses soins, et il m'avait regardée bien en face, un très long moment. Pour la première fois, je compris la justesse de l'expression "les yeux sont les fenêtres de l'âme". L'âme que j'avais devant moi n'était pas derrière le regard qui avait été fait pour elle, c'était aussi indéfinissable que manifeste. C'était beau. Et Jonas accepta de faire de moi une Passeuse.

« Je peux faire en sorte qu’il ne te retrouve jamais, je peux t’offrir une éternité qu’il n’osera même pas espérer. Je ne te laisserai pas survivre dans ce corps. »

Voilà ce qu’il me dit. Il fit vite, très vite. Il me cacha dans sa boutique toute la journée, puis toute la nuit, alors l'être que je renonce à appeler "mon mari" me cherchait. Il me fallut attendre l'aube pour voir revenir Jonas, nerveux, sursautant au moindre bruit. Il me fit enfiler une longue cape pourvue d'un ample capuchon, avant de m'entraîner dans les collines toutes proches. Dans sa cachette.

Ce superbe temple a depuis été démoli - il était situé sur une carrière d'obscidience. Cela explique sans doute que tous les rituels que j'ai pu y faire aient fonctionnés, et pourtant Dieu sait que je me suis parfois lancé dans des rites hasardeux. Jusqu'au bout, je me serais senti chez moi dans cette petite grotte, accessible par une minuscule chatière dans laquelle un homme trop enveloppé n'aurait même pas pu se glisser (je vous laisse imaginer la ruse qu'il m'avait fallu déployer par la suite pour que mes futurs corps s'y faufilent à ma suite). J'appréciais au-delà du possible ces murs de miroirs qui me renvoyaient en permanence l'image de ma perpétuelle jeunesse.

Mais je m'égare. Ce matin-là, ces miroirs étaient mes ennemis, et je gardais obstinément les yeux baissés de crainte de croiser mon reflet maltraité. Jonas m'avait guidée jusqu’au centre du temple, et j’avais découvert avec une crainte mêlée d’excitation l’étoile à quatre branches soigneusement gravée dans le sol de pierre. Les entailles faites dans la roche débordaient de sable rouge, dont les paillettes de mica étincelaient dans la lueur vacillante des bougies fraîchement allumées par mon guide. Et puis elle était là. La fille qui devait devenir moi tandis que je deviendrais elle. Un pauvre paysanne apeurée, recroquevillée dans un coin, nous dévisageant de ses grands yeux sombres. Elle n'était pas bien jolie, mais au moins elle était crédule, et Jonas m'avait assuré que c’était nécessaire pour effectuer le rituel. Ce n'était qu'une solution temporaire.

Le Passeur m'expliqua tout, absolument tout. Aujourd'hui, je sais qu'il devait sincèrement m'aimer pour me faire une telle confidence, et j'en regrette davantage mon geste. Mais sur le coup, je me contentais d'écouter, presque oublieuse du traitement que l'on m'avait infligé deux nuits auparavant. J'écoutais de toute mon âme, et je crois bien que je me souviens encore des mots de Jonas dans l'ordre où il les a prononcés. Sa remarque sur les larmes, notamment, m'a marqué - il était convaincu que le plus difficile était d'obtenir les larmes de sa proie. Après tout, il n'avait pas tort: le sang et les cheveux, c'est facile à prendre. Mais les larmes...

Jonas ne pleura que lorsqu'il me vit placer dans le bol sacrificiel la mèche de cheveux que je venais de lui ôter avec son propre couteau. J'en profitai pour recueillir quelques gouttes salées au fond de l'autre récipient, sans un mot, sans un regard. Il n'y croyait pas, et moi-même je dois avouer que je n'osais pas réfléchir à ce que j'étais en train de faire. La jeune femme qui avait frappé le jeune Passeur par derrière, qui l'avait soigneusement attaché à l'un des arceaux encastrés dans le mur et prévus à cet effet... cette jeune femme, j'osais croire que ce n'était pas moi. Tout en entaillant le pouce de mon malchanceux compagnon et en recueillant son sang, je me répétais que je faisais le bon choix, que si j'acquérais l'immortalité alors qu'il était encore à mes côtés, je finirai par réellement m'attacher à lui, et que je n'aurais alors plus le courage de faire ce qui s'imposait pour que je conserve ma parfaite liberté.

J'ai eu de la chance, ce jour-là. J'ai réussi à lire correctement l'incantation que Jonas m'avait écrite sur un bout de papier, et je peux vous assurer que ce n'est pas une mince affaire. Je ne sais pas par quel prodige, mais aussi inexpérimentée que je fusse, je réussis mon rituel. J'échangeai mon corps avec celui de Jonas. Je me demande encore pourquoi il n'a pas fermé les yeux. Il savait pourtant que j'avais besoin qu'il affronte son reflet dans un miroir. Et il s'est laissé faire. Je crois bien que je lui ai réellement brisé le cœur, et cela m'attriste plus que vous ne pouvez le penser. Beaucoup plus.

Le crime de sang qui a suivi ne compte pas. La manière dont j'ai tué ce corps qui avait été le mien, dont j'ai étranglé la paysanne qui ne cessait de hurler, cela ne regarde que moi - j'ai eu le temps de faire pire en dix-neuf siècles. Le seul, le véritable meurtre qui a eu lieu le jour de mon premier passage, fut celui de l'espoir que Jonas avait mis en moi. C'est bien le seul crime que je ne me sens pas prêt à assumer.

*****

Oh, je ne pensais pas avoir écris autant... Je ne savais pas que j'avais un tel besoin de coucher ces évènements sur le papier. Peut-être que ce questionnaire n'est pas tout à fait inutile, finalement.

Allez, il faut une conclusion à mon histoire: je ne suis pas resté longtemps - je repasse au masculin, ce sera plus pratique. Je disais que je ne suis pas resté longtemps dans le corps de Jonas. Il était un homme, et vivre dans la peau d'un homme me troublait alors au plus haut point. Deux mois plus tard, je retrouvai un corps féminin. Il me fallut cinq bons siècles avant d'oser m'aventurer à nouveau dans une apparence masculine, et depuis j'alterne avec une certaine indifférence. Les deux sexes ont leurs charmes, les deux ont leurs inconvénients. Victor et Victoria.

Je vais passer sur les vies suivantes (même si certaines valent leur pesant d'or) pour vous expliquer rapidement l'actuelle, à vous, lecteur imaginaire qui n'existerez jamais. J'ai vingt-huit ans, et je suis ministre de Ewigkeit depuis déjà deux ans. Comment j'ai fait, cela reste mon petit secret. Sachez simplement que depuis que je suis Passeur, beaucoup de choses ont changé, mais certaines restent immuables, et les arcanes du pouvoir sont de ces dernières. Le peuple est si facile à berner...



Bon, je crois que j'en ai suffisamment écrit pour aujourd'hui. Je devrais faire cela plus souvent, je crois bien que j'ai passé plus de cinq heures de suite sans m'ennuyer - c'est un record. Il est temps pour moi de retourner à mes paperasses, histoire d'oublier que Jonas peut encore m'émouvoir après ces innombrables années. L'indifférence et la lassitude sont des sentiments tellement plus aisés à manipuler que les remords...
Revenir en haut Aller en bas
http://hollowdream.darkbb.com
Rotten angel
- Esprit putrefie -
Rotten angel


Nombre de messages : 109
[R]ace : Esprit
[C]lan : Camorra
[Â]ge du perso : Perdu dans les temps
Date d'inscription : 14/06/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Mer 19 Juil - 23:36

Fiche validée ! Welcome ^^

C'est destabilisant de te voir narrer ta fiche à la première personnage mais ouais ça passe bien ^_^

Pour ton rang de ministre désabusé, oui oui on verra [plus tard huhu]
Revenir en haut Aller en bas
Hecate
- La Dame -
Hecate


Nombre de messages : 172
[R]ace : Essentiellement humaine
[C]lan : Camorra
[Â]ge du perso : 32 siècles
Date d'inscription : 17/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Mer 19 Juil - 23:39

nan nan c'est tout vu !
En plus je crois bien qu'on peut plus changer les rangs une fois qu'ils sont donnés avec la nouvelle version de forumactif.
Revenir en haut Aller en bas
Victor Moreau
- Ministre dindon -
Victor Moreau


Nombre de messages : 43
[R]ace : Passeur
[C]lan : Etoile
[Â]ge du perso : 28 ans (physiquement...)
Date d'inscription : 19/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Mer 19 Juil - 23:39

J'ai voulu varier un peu: la troisième personne ne me paraissait pas appropriée pour cette histoire.

Et pis sois un peu gentille avec moi, je te trouve d'une parfaite ingratitude! Quand je vois tout ce que je fais pour toi... >.>

Hecateuh, dompte-la donc! >.<"

EDIT: D'accord, je m'incline, c'est un complot...
Revenir en haut Aller en bas
http://hollowdream.darkbb.com
Rotten angel
- Esprit putrefie -
Rotten angel


Nombre de messages : 109
[R]ace : Esprit
[C]lan : Camorra
[Â]ge du perso : Perdu dans les temps
Date d'inscription : 14/06/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Jeu 20 Juil - 17:34

Rhoo tu me culpabiliserais presque ..
.. Je suis indomptable .. huhu

Allez pour être gentilles, on va te changer ton rang ^_^
Revenir en haut Aller en bas
Victor Moreau
- Ministre dindon -
Victor Moreau


Nombre de messages : 43
[R]ace : Passeur
[C]lan : Etoile
[Â]ge du perso : 28 ans (physiquement...)
Date d'inscription : 19/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Jeu 20 Juil - 17:54

Trop aimable...
Revenir en haut Aller en bas
http://hollowdream.darkbb.com
Hecate
- La Dame -
Hecate


Nombre de messages : 172
[R]ace : Essentiellement humaine
[C]lan : Camorra
[Â]ge du perso : 32 siècles
Date d'inscription : 17/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Jeu 20 Juil - 17:59

tu préfères vendre des anchois dans la rue ?
Revenir en haut Aller en bas
Victor Moreau
- Ministre dindon -
Victor Moreau


Nombre de messages : 43
[R]ace : Passeur
[C]lan : Etoile
[Â]ge du perso : 28 ans (physiquement...)
Date d'inscription : 19/07/2006

Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0Jeu 20 Juil - 18:04

Fondamentalement, j'ai rien contre les dindons...
Revenir en haut Aller en bas
http://hollowdream.darkbb.com
Contenu sponsorisé





Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Empty
MessageSujet: Re: Victor Moreau [Passeur :: Etoile]   Victor Moreau [Passeur :: Etoile] Iconminipostedch0

Revenir en haut Aller en bas
 
Victor Moreau [Passeur :: Etoile]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Atrius Klamp [Passeur :: Affranchi]
» L'Etoile
» Omega [Passeur :: Camorra]
» Daeva [Passeur :: Camorra]
» .:Ankh:. [Passeur :: Camorra]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Obscidience :: † Le sentier † :: † Présentation :: † « Fiches acceptées »-
Sauter vers: